De simple outil de travail, au 17e siècle, à signifiant scénique au 21e, le costume d’opéra est bien plus qu’un (joli) contenant : il est un marqueur des aspirations de son époque. A ce rôle changeant selon les périodes, l’exposition Costumes Remarquables rend un hommage soutenu.
Éloge de l'exubérance
Au 17e siècle, le costume importe peu. Seules comptent la composition et la voix. Sur le plan scénique, l’accent est mis sur les décors, les machineries et autres câbles invisibles. Mais les spectacles se jouant dans les salles de jeu de paume, espaces tout en longueur et mal éclairés, le costume a au moins l’intérêt de donner à celui qui le porte de la visibilité. L’exubérance de la coiffure, des atours, est donc de mise.
Se distinguer
Au 18e siècle, la construction de salles dites « à l’italienne » fait de l’habit de scène un marqueur de reconnaissance. Il doit être à la mesure de l’artiste, et les costumes fastueux sont parfois sans rapport avec le statut social du personnage incarné. Les femmes étant interdites de scène, le costume a un rôle clé : celui de permettre au spectateur de distinguer, d’un coup d’œil, les personnages féminins des personnages masculins. L’incarnation des premiers par les castrats, et des seconds, un peu plus tard, par des chanteuses travesties, brouilles les lignes.
Le costume historique
Au milieu du 19e siècle, le costume vit son heure de gloire, jusqu’à faire l’objet de plusieurs espaces au sein de l’Exposition universelle de 1878. Sur le plan esthétique, l’heure est au réalisme, et dans un souci de vraisemblance, les costumes historiques sont imaginés à partir de documents d’archives. Les mises en scène colossales de l’Opéra national de Paris font de ce dernier la vitrine du savoir-faire français. Cette opulence, imitée partout en Europe, s’éclipsera progressivement pour des raisons financières et esthétiques.
Seconde Peau
Au 20e siècle, le modernisme bouscule les conventions. Le costume et la mise en scène deviennent projections artistiques au sein d’une vision scénographique globale. À la fin des années 60, les metteurs en scène gagnent en influence et décors et costumes sont supplantés par le jeu d’acteur. À la fois soutien et seconde peau, le costume est fait de matériaux dérivés du pétrole (latex, toile cirée, skaï, lycra). Plus malléable et facile à travailler, il est également moins coûteux. De plus en plus souvent, les mondes de l’Opéra et de la Haute Couture se rencontrent…
Codes et essentiel
Au 21e siècle, le costume est partie intégrante de la mise en scène. Lorsqu’il est réduit à sa plus simple expression, il traduit l’ambition du metteur en scène de focaliser le regard du spectateur sur l’action, et donc sur l’essentiel. Jean, baskets, t-shirt, lingerie… Sur le plan esthétique, l’heure est à l’éclatement des codes. Mais si tout peut devenir costume d’opéra, chaque élément visible sur scène reste une pièce unique, fruit du savoir-faire séculaire des ateliers de costume.