
Durant l’été 2022, les Midis du Festival d’Aix-en-Provence amenaient des femmes de l’univers lyrique à échanger et confronter leurs points de vues et expériences sur une question cruciale : celle de la place des femmes dans l’opéra. Les débats se sont soldés par une conclusion unanime : la question féminine doit être considérée comme étroitement liée à celle des droits humains en général.
Des femmes sur scène et en coulisses
En France, sur 37 structures membres de la ROF, seules quatre sont dirigées par des femmes : l’Opéra de Lille (Caroline Sonrier), l’Opéra Orchestre national de Montpellier Occitanie (Valérie Chevalier), l’Opéra national du Capitale de Toulouse (Claire Roserot de Melin) et la compagnie nationale lyrique Arcal (Catherine Kollen). Du côté des productions, sur scène et en coulisses, les métiers de la musique s’ouvrent, peu à peu, aux candidatures féminines.
Ainsi, l’on doit à Joséphine Stephenson la musique de « Three lunar seas », création mondiale donnée à l’Opéra Grand Avignon début mai.
La compositrice américaine Missy Mazzoli s’est associée au librettiste Royce Vavrek pour Breaking the waves, opéra présenté en cette fin mai (et distingué, en 2017, de l’international Opera award pour la meilleure création).
Les 6 et 7 juin, la chorégraphe-metteuse en scène-plasticienne Gisèle Vienne livrera Crowd, sorte de virée hallucinatoire, à l’Opéra de Lille.
Du 23 septembre au 12 octobre le Palais Garnier accueillera un ballet contemporain fruit de la collaboration de trois femmes chorégraphes : Xie Xin, Marion Motin et Crystal Pite. Du 22 juin au 14 juillet 2024, les spectateurs y (re)découvriront Barbe Bleue, dans une version de Pina Bausch.
Enfin, les 1er et 2 décembre, Ô mon bel inconnu investira la scène de l’Opéra de Dijon. À la bande-son de cette « tragédie bourgeoise devenue comédie » signée Sacha Guitry, Reynaldo Hahn ; à sa mise en scène, Émeline Bayart, également actrice et chanteuse.
(Re)faire son éducation féministe
Hors des plateaux, des femmes élèvent la voix pour défendre la cause des femmes. Ainsi Julie Fuchs, soprano-star devenue mère, a confié à Clémentine Galey et Bliss-stories, les dessous d’une maternité venue bousculer sa carrière.
D’autres pastilles sonores intemporelles sont, de notre point de vue, à mettre entre toutes les oreilles. Dans l’objectif de « reprendre l’histoire de l’Opéra-Comique du point de vue des femmes », le colloque « Les femmes de l’Opéra-Comique », est devenu podcast (à écouter ici). En 2015, Radio France déclinait une série d’audios consacrés à « l’histoire des compositrices à travers les siècles » (toujours écoutables ici). A l’occasion de la Journée des droits des femmes 2017, France Musique mettait en lumière six rôles féminins tout à fait éloignés des ingénues, saintes ou prostituées dont regorge le répertoire lyrique. Signalons enfin cette dernière (et plus récente) initiative : la parution, aux éditions Christophe Michel, d’une frise chronologique des compositrices et compositeurs. Cette (belle) affiche ayant vocation à être affichée « dans tous les lieux d’éducation musicale » est l’outil ludique d’une éducation musicale plus inclusive.